Le 19/07/2020

3 Objections courantes à l'utilisation de robots agricoles (et comment la technologie s'emploie à les surmonter)

La technologie agricole a fait beaucoup de chemin. Des charrues à traction animale et des tracteurs à vapeur du 19ème siècle, aux robots autonomes d’aujourd’hui fonctionnant à l'énergie solaire et sur batterie, un flux continu d’innovations dote les agriculteurs d'outils plus efficaces que jamais.

De nombreux producteurs sont heureux d'adopter la robotique car elle permet d'économiser la main d’œuvre et de gagner du temps. D'autres se contentent de poursuivre leur développement à l'ancienne, laissant les premiers utilisateurs tester les dernières technologies sur le terrain. Quelques objections communément formulées à l'encontre des robots agricoles entraînent un manque d'enthousiasme des agriculteurs dans la mise en œuvre de ces machines. Voici comment la technologie s'emploie à les surmonter.

Objection n° 1 : Les robots agricoles coûtent cher

Une exploitation agricole, comme toute entreprise, doit rendre compte de ses résultats. Les coûts semblent s'accumuler rapidement: engrais, intrants chimiques ou biorationnels, tracteurs.... et cela va sans dire que les robots agricoles ne sont pas bon marché. De nombreux agriculteurs se demandent si un robot cueilleur qui coûte plus de 100 000 $ vaut un tel investissement.

A cela s'ajoute, comme l'affirment les entreprises technologiques, le coût qui n'est pas donné non plus, du travail humain, qu'il s'agisse des visas de travail, du logement, des taux horaires de rémunération ou des soins de santé. Mais le remplacement de la main d’œuvre humaine n'est pas le seul argument qu’utilisent ces entreprises pour rendre leurs machines abordables.

À mesure que la technologie se généralise, les coûts diminuent inévitablement. Selon Jonathan Tilley, auteur de «Automation, Robotics and the Factory of the Future», c'est déjà le cas.

«Au cours des 30 dernières années, le prix moyen des robots a diminué concrètement de moitié, et même davantage par rapport aux coûts en augmentation de la main-d'œuvre », écrit Tilley. "Comme la demande des économies émergentes encourage la production de robots à se déplacer vers des régions où le coût est moins élevé, il est probable que les robots deviennent encore moins chers."

Les robots agricoles ne sont pas seulement moins chers à produire; ils sont moins chers à presque toutes les étapes du processus de développement.

«Les personnes ayant les compétences requises pour concevoir, installer, exploiter et entretenir des systèmes de production robotique sont également de plus en plus nombreuses», selon Tilley.

«L'ingénierie robotique était autrefois une spécialité rare et onéreuse. Aujourd'hui, ces matières sont largement enseignées dans les écoles et les universités du monde entier », ajoute-t-il. «Les progrès en termes de puissance de calcul, de techniques de développement de logiciels et de technologies de réseau ont rendu l'assemblage, l'installation et la maintenance des robots plus rapides et moins coûteux qu'auparavant.»

Objection n° 2 : La technologie n'est pas viable

Quiconque a déjà eu affaire à un ordinateur portable défectueux connaît les frustrations d'une machine de qualité inférieure. Ces inquiétudes sont d'autant plus grandes qu'un robot peu performant peut endommager les cultures et entraîner une perte directe de revenus. Les robots agricoles ont également tendance à être un peu plus complexes à utiliser qu'un MacBook. Heureusement, les machines ont beaucoup évolué.

«Des progrès technologiques ont été réalisés au cours des sept ou huit dernières années, ce qui a permis à ce secteur d'émerger», explique le Dr Khasha Ghaffarzadeh, directeur de recherche chez IDTechEx.

Selon lui, les robots agricoles ont simplement besoin de changements progressifs pour fonctionner à un niveau de performance élevé, le gros du travail ayant déjà été réalisé. Le Dr Ghaffarzadeh prédit également qu'à l'avenir, les entreprises technologiques offriront des services robotiques allant du désherbage à la récolte de fruits frais.

Cet avantage va dans les deux sens: avec plus de robots opérationnels sur le terrain, les entreprises collectent plus de données qui peuvent servir de base à de nouvelles itérations et améliorations. Leurs experts sur place peuvent également tester leurs robots en temps réel, tandis que les exploitations agricoles s'acquittent de frais pour les tâches accomplies. Ainsi, les ouvriers peuvent se concentrer sur le travail agricole qu'ils font le mieux.

Objection n° 3 : Les robots agricoles n'améliorent pas le travail humain

Un robot agricole peut-il ramasser un paquet de poivrons plus rapidement qu'une personne? Actuellement, la réponse à cette énigme allitérative est «non».

Même en retirant la vitesse de l'équation, les robots ne peuvent généralement pas cueillir les produits aussi délicatement ou complètement. La plupart des robots agricoles équipés de technologies de vision artificielle avancées ont encore du mal à déterminer la maturité avec la même précision qu'un humain.

C'est un dilemme qui a largement été documenté dans les articles des rédactions du monde entier, mais il y a une place pour les robots agricoles et les travailleurs humains à la ferme. La clé est de savoir gérer les attentes.

"Alors que l'automatisation complète est souvent saluée comme l'objectif ultime du développement technologique, et que les futurs systèmes agricoles peuvent sembler très différents de ceux d'aujourd'hui, seules quelques grandes entreprises peuvent se permettre d'interrompre l'automatisation complète", stipule le rapport "Agricultural Robotics: The Future of Robotic Agriculture ” ("Robotique agricole : L'avenir de l'agriculture robotique") établi par le Réseau britannique UK RAS (de l'anglais 'Robotics and Autonomous Systems' qui signifie "Robotique et systèmes autonomes").

"Afin de concrétiser cette vision à long terme, il sera nécessaire d'opérer une transition progressive des pratiques agricoles actuelles, et la plupart des agriculteurs auront besoin de technologies qui peuvent être introduites étape par étape, parallèlement à, et au sein de leurs systèmes existants."

Les machines sont loin de prendre le relais et les exploitations agricoles relégueront probablement les robots aux tâches éreintantes de désherbage des grandes cultures et d'espacement des pots dans la serre. Les humains géreront ces robots à partir de leurs appareils en intervenant chaque fois que nécessaire. Les robots agricoles peuvent en effet ramasser des paquets de poivrons, mais les exploitants se sentiront rassurés sachant qu'il y a une personne à proximité pour prendre la relève.

Catégories : #Robots
Auteur
  • Karli Petrovic
    Essayiste à KPwrites.com