Le 24/11/2020

Dans les coulisses des fermes robotisées

Antoine Chatelain, de la pépinière Chatelain, nous fait part de son expérience sur ce que cela implique réellement de mettre en œuvre les dernières technologies agricoles.

Les agriculteurs ont toutes les raisons d'être enthousiastes à l'idée d'utiliser des technologies intelligentes dans leurs exploitations. Tout d'abord, plus de machines signifie moins de dépendance de la ferme à l'égard d'une main-d'œuvre migrante difficile à trouver. Les machines permettent également aux producteurs de mieux contrôler les ressources rares, comme l'eau, et onéreuses, comme les engrais et les herbicides. De nombreuses fermes se sont tournées vers les technologies agricoles pour apporter des solutions écologiques aux problèmes de ravageurs et de maladies.

Ceux qui souhaitent emprunter cette voie ont de nombreuses options. L'industrie la plus ancienne au monde devient de plus en plus high-tech, comme le montrent la dernière génération de robots de cueillette, de désherbage et de pulvérisation, mais aussi les tracteurs guidés par GPS et les commandes d'irrigation automatisées.

La pépinière Chatelain en est un exemple. C'est au sein de l'exploitation familiale à Le Thillay, en France, que le jeune Antoine Chatelain, 18 ans, a pris l'initiative d'introduire la robotique dans la ferme, la pépinière et la jardinerie.

« J'évalue tout ce qui touche à la technologie pour l'entreprise, et je veux que l'entreprise travaille avec des robots », dit Chatelain. «Lorsque mon grand-père a acheté la pépinière, il a été l'un des premiers à utiliser des machines pour réduire la tension et l'impact physique du travail. Je pense qu'il est tout à fait logique pour nous d'évoluer vers l'utilisation de robots. »

La ferme a commencé avec deux robots. Le premier a été développé en interne avec l'aide de Sony, qui a installé ROMI ("Robotics for Microfarms"), une plateforme robotique ouverte et légère qui aide les petites exploitations agricoles à surveiller leurs cultures. L'autre robot était le désherbeur autonome OZ 440 de Naïo Technologies, dont Chatelain est un opérateur.

Robot Romi de Sony CSL

La mise en œuvre de la robotique n'a pas toujours été facile. Aujourd'hui, la pépinière Chatelain utilise un tracteur semi-autonome guidé sur sa récolte de céréales. Chatelain décrit cela comme « travailler et ne pas travailler en même temps ». Avec les autres machines et prototypes, il observe des hauts et des bas, et beaucoup d'essais et d'erreurs.

« Au début, Oz n'était pas ... génial », dit Chatelain. « Je parle par expérience : j’en étais l’opérateur. Le pire, c’était les faux espoirs parce qu’il a deux systèmes de guidage : LIDAR et LD-MRS. »

La navigation a nécessité un peu d’étalonnage.

« Quand il était sur le rang, il fonctionnait bien », explique Chatelain. « Parfois, il sur-corrigeait et coupait certaines cultures, mais rien de très grave. Quand il devait faire demi-tour à la fin du rang, c’est là qu’il se trompait complètement. Au lieu de descendre le rang suivant, il se retournait et descendait le même rang qu’il avait déjà parcouru trois ou quatre fois.


Robot de désherbage OZ 440 de Naïo Technologies

Lorsque la ferme a eu un problème avec les batteries, Naïo Technologies a envoyé la pièce et a programmé la venue d'un technicien à la ferme. Mais comme la pièce est arrivée deux semaines avant la date prévue pour le technicien, Chatelain a pris les choses en main et a fini par réparer Oz lui-même. La machine fonctionne beaucoup mieux maintenant.

« Avant que le confinement n'entre en vigueur en France, Naïo Technologies a expédié le nouveau kit de mise à niveau pour Oz avec le GPS RTK pour le système de guidage, dit Chatelain. « Après un peu de pratique, il a corrigé les problèmes de virage que nous avions eus. Désormais, il sait quand il sur-corrige et peut être dirigé sans problème vers n’importe quelle coordonnée de la ferme. C’est vraiment un excellent produit maintenant.

Certains des plus grands obstacles à l’introduction des nouvelles technologies dans les fermes découlent de la recherche d'une main d’œuvre des plus chevronnées pour faire le travail. Chatelain se souvient l'époque où la ferme a introduit le tracteur pour la première fois.

« Les gars disaient : 'Oh, ce truc c'est une connerie. Je ne m'en servirai jamais », dit-il en riant. « J'ai répondu : 'Nous allons prendre 10 minutes et je vais vous expliquer comment ça marche.' Ils avaient un peu peur parce qu'ils ne savaient pas de quoi il s'agissait. Je leur ai montré comment l'utiliser, et une semaine plus tard, beaucoup d'entre eux sont revenus en disant : 'Ce truc est tellement génial. J'ai gagné une heure sur ce terrain'. Je n'ai eu que des retours positifs sur le tracteur. »

Sa passion pour la technologie est demeurée intacte malgré les quelques difficultés rencontrées. Les avantages potentiels des robots l'emportent largement sur les inconvénients.

« La grande disponibilité des machines permet de les utiliser n'importe quel jour de la semaine et à n'importe quelle heure de la journée », affirme Chatelain, avant d'ajouter que le travail précis et cohérent que les robots accomplissent est un avantage certain. « Les robots s'attaquent à la partie la plus difficile du travail, aux tâches peu attrayantes que personne ne veut vraiment faire. Il est certain que nous verrons plus de robots dans les fermes. »

Catégories : #Alimentation
Auteur
  • Karli Petrovic
    Essayiste à KPwrites.com