Le 17/07/2020

Investir dans la robotique agricole : c’est le moment !

Le marché mondial de la robotique agricole devrait atteindre les $20Md en 2025. En contribuant à accroitre la production et l’efficacité, la demande pour l’agriculture de précision augmente.. Au cours des dernières années de nombreuses entreprises ont ainsi investi en recherche et développement.

Malgré tout en 2019, la robotique agricole est le secteur qui a reçu le moins de financement de la part des investisseurs en capital innovation. Quand le secteur du e-commerce alimentaire mobilisait $3.9Md[1] de la part des investisseurs, la robotique agricole n’en mobilisait que $179M.

A l’heure où le besoin se fait de plus en plus pressant pour trouver des solutions alternatives à l’usage de pesticides et au manque de main d’œuvre, comment explique-t-on une telle frilosité des fonds de capital innovation ?

Une exploitation agricole fonctionne comme une industrie classique, avec des objectifs de production, de rentabilité, des tâches répétitives qualifiées, à la différence près mais non des moindres qu’elle est dépendante des cycles de production des cultures dont les variables changent d’une saison à l’autre.

Ces dernières années les entreprises fournissant un service d’aide à la décision grâce au développement des software et des capteurs ont explosé. La transcription opérationnelle de ces recommandations issues de l’analyse de donnée, est toujours réalisée par l’exploitant agricole.

Le besoin est désormais d’avoir dans les champs une machine agricole autonome, totalement fiable, capable de répéter les opérations. La démocratisation des technologies digitales et industriels en parallèles de l’évolution et de l’amélioration des réseaux de télécommunications indispensable au développement de l’agriculture de précision, rend désormais possible ce besoin.

La fiabilité demeure néanmoins l’un des freins majeurs à l’adoption des robots autonomes. Chaque itinéraire technique diffère en fonction des régions et nécessite un ajustement spécifique qui doit être opérer sur le terrain.

Le développement d’un robot totalement autonome prend plusieurs années, il est corrélé au temps des saisons agricoles. La courbe d’apprentissage du fournisseur de solution autonome et de l’exploitant agricole est longue pour ces pionniers.

Bien que les premiers robots fassent leur apparition dans les champs, le scepticisme des investisseurs perdure sur l’efficacité et la durabilité de ces technologies, les questionnements tournants autour, du temps de développement, de l’intensité capitalistique, du business model (vente de machine, vente de service, récurrence) des perspectives de sorties (acquisition par industriel dans quel « timing »)…

Dans une industrie du capital innovation (VC) qui préfère le business modèle du logiciel (software), le business modèle du hardware auquel est généralement associé la robotique agricole est peu sécurisant expliquant ainsi la réticence des Ventures Capitalistes traditionnels.

Il faut bien noter que l’existence de venture capitalistes spécialisés dans le domaine de l’Agtech et particulièrement en Europe est aussi récente que l’émergence de la robotique agricole. Les équipes d’investissements encore peu expérimentés dans le domaine explique en partie les faibles montants investis jusqu’à présent.

Mais les lignes bougent, en même temps que les fonds spécialisés se multiplient et que leurs actifs sous gestion augmentent ; ainsi, €1.6 Md ont été levés dans le secteur de l’Agetch et du Foodtech en Europe au cours des 15 derniers mois[2] ; le marché de la robotique agricole atteint un stade de maturité particulièrement intéressant pour les investisseurs.

Gartner Hype Cycle (Trademark) for Agtech [3]

La courbe du Hype Cycle de Gartner, adaptée ici au secteur de l’Agtech, permet de positionner les innovations en fonction de leur degré de maturité, de leur visibilité et des attentes qu’elles créent.

Toutes les innovations ne parcourent pas la courbe à la même vitesse. La vision schématique et simplifiée permet néanmoins de mettre exergue l’émulation du secteur de la robotique agricole. Le secteur suscite l’intérêt des agriculteurs, de la presse et des industriels et bien que la viabilité commerciale reste encore à démontrer, la demande est croissante.

La crise du Covid-19 a exacerbé les besoins, déjà identifiés, d’automatiser l’agriculture. Le manque de main d’œuvre et la nécessité de continuer à produire pendant les crises, poussent à l’adoption de nouvelles technologies.

L’agriculture est par essence un secteur qui se doit d’être résilient et donc d’adopter les technologies qui le lui permettront.

La sensibilisation des agriculteurs aux nouvelles technologies, la plus grande accessibilité de ces dernières, l’évolution de la règlementation, la pression des consommateurs sur les industriels et producteurs…tendent à l’accélération de l’adoption de la robotique agricole, poussée par des investisseurs de plus en plus alertes et expérimentés dans le domaine.


[1]Source: Agfunder

[2]Source: Capagro

[3]Source: Capagro

Catégories : #Marchés
Auteur
  • Juliette Raoul-Fortésa
    Responsable Investissement | Capagro
    GOFAR : Trésorière