Le 19/07/2020

La prochaine étape des robots de désherbage

Trois entreprises de technologie agricole révèlent ce que cette automatisation de pointe peut faire.

Les gens qui choisissent de travailler dans le secteur agricole se sentent souvent appelés à le faire. Ce travail n'est pas fait pour les âmes sensibles: il faut vraiment l'aimer pour en faire son métier. De l’espacement des plantes pour une croissance optimale, à la préparation de la terre pour la récolte, l’agriculture nécessite beaucoup d’efforts physiques et de capacités à soulever des charges lourdes.

Les entreprises de technologie agricole ont pris acte et continuent de chercher des moyens d'alléger la pression que subissent les hommes qui travaillent sur le terrain. La solution ? Automatiser les tâches parmi celles dans le secteur qui exigent le plus de main-d'œuvre. L'une de ces tâches, qui figure en tête de liste, est le désherbage, et la technologie est, en ce sens, prometteuse.

«Chaque année toujours plus de progrès plus innovants sont réalisés en matière de lutte contre les mauvaises herbes », explique Michael Fontanin, Directeur Marketing et Communication chez VitiBot.

Les robots de désherbage ont pour fonction de gérer un travail éreintant mais essentiel en reléguant les agriculteurs à un rôle de gestionnaire, ce qu'ils peuvent faire depuis leur smartphone. Chaque robot de désherbage opère différemment et cela donne aux exploitations agricoles la flexibilité de choisir la meilleure option pour l'organisation qui leur est propre.

«Il est important de souligner que nous n'avons plus à convaincre les gens d'accepter ces robots car ce travail a été fait il y a cinq ou six ans», explique Anouck Lefebvre, Directrice de la communication chez Naïo Technologies. «L'adoption de la robotique dans les fermes se fait maintenant.»

Voici comment trois sociétés de robotique ont développé une technologie de pointe en matière de désherbage pour aider les agriculteurs à protéger leurs cultures.

ecoRobotix

L'idée du robot de désherbage AVO est née de la connaissance approfondie d'un mal nécessaire: le co-fondateur et directeur technologique d'EcoRobotix, Steve Tanner, a passé sa jeunesse à aider ses parents à désherber les cultures de betteraves à sucre dans leur ferme à Essert-Pittet, en Suisse. Le désherbage des betteraves à sucre était fastidieux, mais Tanner était consterné de voir que le désherbage manuel avait été largement remplacé par l’omniprésence d’applications chimiques qui nuisent souvent à l'environnement.

AVO Robot de désherbage d'ecoRobotix

Tanner a donc conçu un robot léger etautonome en énergie qui utiliserait plutôt la vision artificielle et des applications précises d'herbicide sur les mauvaises herbes. Le 1er janvier 2014 il s'associe à son collègue entrepreneur, Aurélien Demaurex, pour fonder ecoRobotix. Depuis, le robot de désherbage AVO est utilisé en Allemagne, en France et en Espagne sur les cultures de colza, de haricots, dans les prairies et, bien entendu, sur les betteraves à sucre.

«Les traitements chimiques ne jouissent pas d’une image très positive, mais ils sont efficaces», explique Isabelle Aeschlimann, chargée de communication. «Pour nous, l'objectif est donc de réduire les quantités appliquées.»

AVO Robot de désherbage d'ecoRobotix

AVO contribue à réduire l'empreinte environnementale. Il fonctionne en identifiant les flores qui sont différentes du cultivar sélectionné. Il ignore les cultures et cible les mauvaises herbes avec une dose minimale d'herbicide qui représentepour les agriculteurs 90% de quantité en moins de ce qu'ils utilisent habituellement. AVO est alimenté par l'énergie solaire et peut fonctionner pendant 12 heures de jour et de nuit à l'aide de deux batteries rechargeables. Grâce à une application Android et Mac téléchargeable en libre-service, les producteurs peuvent se concentrer sur d'autres tâches en sachant qu'ils recevront une alerte en cas de problème.

Naïo Technologies

Lors du développement de sa technologie de désherbage, l’entreprise Naïo Technologies ne s'est pas arrêtée à un seul robot,elle en a créé trois: Oz, Ted et Dino. Chaque modèle porte sur une application différente. Oz s'occupe du désherbage et du binage d'une parcelle de terrain à l'aide d'outils spécialisés et sans avoir besoin d'une surveillance constante. Plus de 110 de ces robots sont déjà en circulation.

Robot de désherbage Oz, de Naïo Technologies

Ted, quant à lui, est un robot de désherbage multifonctionnel conçu pour les vignobles. Cette machine à faible impact utilise une vision par caméra et des capteurs pour positionner les outils le plus près possible des cultures. Plus de 30 robots Ted travaillent aujourd'hui sur les vignobles.

Robot de désherbage Ted, de Naïo Technologies

Dino est spécialement conçu pour les grandes exploitations maraîchères. Ce robot électrique de désherbage fonctionne sur des cultures de légumes verts à feuilles. Plus de 25 modèles sont actuellement utilisés en Europe et en Californie.

Robot de désherbage Dino, de Naïo Technologies

« Avoir un si grand nombre de nos robots de désherbage en circulation est un énorme avantage car cela nous permet d’obtenir un important feedback sur le terrain », dit M. Lefebvre. « Nous utilisons ce feedback pour l'amélioration continue des robots. »

Une récente enquête auprès des clients a confirmé que ceux qui utilisent les robots les ont trouvés ergonomiques. Les trois robots de désherbage utilisent un système de navigation GPS avancé et aident les agriculteurs à gérer le désherbage sans herbicides. Naïo a également mis en place un service spécialisé dédié au contrôle de la sécurité et de la qualité et qui veille à ce que les robots puissent agir sans nuire aux travailleurs humains ou aux cultures.

VitiBot

Depuis son enfance, Cédric Bache s'efforce de rendre le travail de la vigne plus facile pour son père. Le travail dans les vignobles est très particulier car les ceps demeurent à proximité des machines et des outils. Les vignes sont souvent plantées sur des pentes et des inclinaisons raides, ce qui en fait un travail qui nécessite beaucoup d'expérience, de rigueur et le souci du détail. La main-d'œuvre qualifiée est donc difficile à trouver.

Attentif à l'environnement et à la sécurité des travailleurs, Bache a mis au point un robot chenillard nommé Hector qui s'occupe du désherbage mécanique, de la pulvérisation, du fauchage et de l'arrachage. Cette première innovation a ouvert la voie à Bakus, un enjambeur de vigne complètement autonome capable de gérer un environnement difficile et une large gamme d'outils passifs, notamment des charrues, des pulvérisateurs simples, des doigts Kress et plus encore.

Bakus, robot de désherbage par Vitibot

«Bakus avait plusieurs objectifs avant sa commercialisation», explique Michael Fontanin. «Augmenter la sécurité des opérateurs, protéger le vignoble et la biodiversité, optimiser la rentabilité en travaillant le sol de manière autonome grâce à une large gamme d'outils.»

Le robot de désherbage fonctionne silencieusement, utilisant 75 kW / h d'énergie électrique pour parcourir le terrain en traitant les mauvaises herbes existantes sans application d'herbicide. Bakus est actuellement utilisé en France dans les vignobles de Champagne et sera bientôt utilisé pour le travail du sol dans la région de Bordeaux.

Bakus, robot de désherbage par Vitibot

Avec de nombreux robots de désherbage déjà opérationnels dans le monde, les entreprises de technologie agricole collectent des données qui seront utilisées pour affiner et améliorer les modèles actuels. La prochaine étape consiste à se concentrer sur une adoption réussie à l'échelle du secteur.

«Nous devons poursuivre nos efforts pour changer les mentalités», dit Fontanin. «Pour prouver que les solutions robotiques et électriques ont un avenir pour l'écologie, ainsi que pour les conditions de travail des opérateurs, leur sécurité et la qualité de leur travail.»

Catégories : #Robots
Auteur
  • Karli Petrovic
    Essayiste à KPwrites.com