Le 26/10/2021

Les fabricants de robotique agricole travaillent à augmenter la rentabilité des agriculteurs.

Dans le débat qui oppose les machines entièrement autonomes aux tracteurs à fonctionnalité accrue, cinq panélistes du World FIRA 2021 discutent des moyens d'augmenter le taux d'adoption des technologies, d'apporter de la valeur et de répondre aux besoins les plus urgents de leurs clients.

Les agriculteurs sont souvent réputés pour être un brin « old school ». Pour le meilleur ou pour le pire, on considère généralement que les agriculteurs et les producteurs sont peu disposés à évoluer avec leur temps, à adopter les dernières technologies ou à faire entrer leur méthode de travail dans le 21ème siècle. Cette idée reçue ne permet pas toutefois d'expliquer pourquoi certains agriculteurs sont moins enclins à se lancer tête baissée dans les dernières innovations technologiques.

Lors du World FIRA 2021, la table ronde « Robot vs. Tracteur : quel niveau d'automatisation apporte le plus de valeur aux agriculteurs ? » réunira cinq grands fabricants qui discuteront de leurs clients, de leurs besoins et de la volonté d'accroître la rentabilité dans tout le secteur. Le panel comptera notamment parmi ses membres : Kent Brown (John Deere), Andrew Sunderman (AGCO Corporation), Praveen Penmetsa (Monarch Tractor), Gary Thompson (GUSS) et Aymeric Barthes (Naïo Technologies).

Le modérateur de cette table ronde, David Frabotta, directeur du développement du marché éditorial chez Meister Media Worldwide, voit là l'occasion pour les experts de partager leurs points de vue mais aussi de permettre aux participants de découvrir concrètement comment ces perspectives déterminent la planification stratégique et la conception de nouveaux équipements, tout en incitant les agriculteurs à les adopter. Dans le débat qui oppose robot et tracteur, Frabotta attend des panélistes qu'ils apportent beaucoup de nuances à cette discussion complexe.

« L'agriculture est évidemment très localisée et spécifique à un système de production », explique-t-il.

« L'autonomie se traduit par différentes fonctionnalités pour différents agriculteurs. Elle change en fonction d'un certain nombre de variables que les agriculteurs évaluent afin d'obtenir le meilleur retour sur investissement.

« L'autonomie dépend beaucoup de la ferme, des besoins, du retour sur investissement, et il existe d'autres facteurs, tels que les problèmes de réglementation ou de main d’œuvre, susceptibles d'avoir un impact sur ce qui pourrait faire sens pour une fonction autonome », poursuit Frabotta. « Les fabricants s'efforcent de s'appuyer sur les besoins des agriculteurs avant de mettre au point les fonctionnalités permettant d'automatiser ces tâches particulières. Au cours de la table ronde, je pense que nous nous intéresserons surtout à cette question : « De quoi vos clients, en tant que fabricant, vous disent-ils avoir besoin ou avoir envie ? »

Cette question s'inscrit dans une autre. Une fois que les entreprises de fabrication auront mis au point les machines que les agriculteurs souhaitent réellement, combien de temps faudra-t-il pour que les agriculteurs et les producteurs les utilisent ? L'histoire a montré que peu de professionnels de l'agriculture sont désireux d'être à la pointe de la mise en œuvre de nouvelles technologies. Frabotta donne l'exemple de l'autoguidage.

« L'Autoguidage n'est qu'un simple mécanisme de direction guidé par GPS qui fait probablement gagner beaucoup de temps aux agriculteurs maintenant qu'il est standardisé », dit-il. « Mais avant d'être normalisé sur les machines, il avait un taux d'adoption très faible, et je vois le même scénario se produire avec les nouvelles technologies qui sont adoptées. La prochaine génération de technologies se heurte encore à ce mur. Les agriculteurs ne sont pas vraiment sûrs d'en vouloir ou d'en avoir besoin ou qu'elles peuvent être plus performantes qu'un humain.

Pourtant, il existe de nombreuses possibilités d'améliorer les équipements, de rationaliser les processus et d'atténuer les pressions que subissent les agriculteurs du monde entier en raison de la pénurie de main-d'œuvre, de la hausse des prix et des problèmes de production. Pour les fabricants, cela signifie souvent l'automatisation d'une seule tâche spécifique.

« Je pense que la robotique basée sur les tâches présente le plus grand potentiel d'adoption et de commercialisation à grande échelle : les pulvérisateurs GUSS en sont un bon exemple », affirme Frabotta. « Il existe des millions de pulvérisateurs pour tracteurs qui disposent d'un certain degré d'autonomie, mais comme le tracteur est une machine multi-usages, il n'y a pas eu beaucoup de possibilités d'intégrer chaque tâche que cette machine effectue dans un système autonome. »

« Ce que les robots font très bien est une chose », poursuit-il. « Cela peut être le désherbage, la pulvérisation, et ainsi de suite. Une fois que vous sortez de cette activité précise, vous entrez dans l'automatisation des tâches, comme par exemple la vitesse et la hauteur de la pale de ventilateur sur les moissonneuses. Les agriculteurs ont répondu : « Ouais, je ne veux pas penser à ça. Si on peut l'automatiser, ça m'aiderait beaucoup. » La machine accomplit de nombreuses tâches, parfois en même temps. Certaines de ces tâches sont toujours mieux contrôlées par un opérateur, et certaines sont meilleures et plus efficaces si on peut automatiser une partie des décisions afin que l’opérateur puisse se concentrer sur d’autres tâches. »

Dans l’ensemble, Frabotta pense que la discussion reviendra toujours à ce que les agriculteurs demandent, ce qu’ils veulent pour se faciliter un peu la vie et ce qu’ils peuvent se permettre. Il peut s'agir de nouvelles machines autonomes, de kits d’adaptation pour tracteurs ou de services à la carte qui nécessitent un moindre investissement financier. Tout est sujet à discussion. Quant à savoir si ce sont les robots ou les tracteurs qui ont plus de chances de s'imposer, Frabotta a quelques idées sur la question.

« Dans ce panel, nous avons beaucoup d'excellents experts qui vont offrir leurs points de vue », dit-il. « Nous avons également des entreprises établies, ainsi que des innovateurs qui ont réussi à commercialiser de nouvelles machines, ce qui a été un obstacle pour beaucoup de start-ups dans ce domaine. Ainsi, tous les membres de ce panel vont avoir une très bonne compréhension de leur clientèle et de ce qu'elle demande. Et en fin de compte, il ne s'agit pas d'un robot autonome de niveau cinq, mais de plus de fonctionnalités dans les machines que les agriculteurs possèdent déjà. »


Les personnes qui souhaitent assister à la table ronde « Robot vs. Tracteur : quel niveau d'automatisation apporte le plus de valeur aux agriculteurs ? » sont invitées à noter dans leur agenda le mercredi 8 décembre 2021 à 18h15.

Cette table ronde fera partie de l'événement World FIRA 2021 qui se déroulera du 7 au 9 décembre 2021.

Pour en savoir plus sur le World FIRA 2021, consultez le site www.fira-agtech.com/event/fira.

Catégories : #Robots
Auteur
  • Karli Petrovic
    Essayiste à KPwrites.com