Le 26/06/2025

Naïo et les agriculteurs : 15 ans de terrain et de solutions concrètes

Ceux qui en parlent le moins sont souvent ceux qui l’utilisent le plus.

Pendant que le débat sur la robotisation de l’agriculture continue d’agiter colloques et tribunes, dans les champs, les robots sont à l’œuvre. Ils désherbent, tracent les sillons, sèment, entretiennent — sans faire de bruit, mais en produisant des résultats concrets. Pour de nombreux agriculteurs, la robotique n’est plus un pari, mais un outil parmi d’autres, intégré à leur quotidien, avec une exigence simple : qu’elle fonctionne, et qu’elle tienne ses promesses.

Parmi les acteurs clés du secteur, Naïo Technologies s’impose comme l’un de ses constructeurs incontournables. Depuis près de 15 ans, la société toulousaine conçoit, fabrique et commercialise 4 robots agricoles autonomes - Oz, Ted, Jo, et Orio - pensés pour les besoins du terrain. Pas de grand discours ni de rupture proclamée : chez Naïo, on parle d’itération, d’écoute des utilisateurs, de fiabilité. Et cela commence à faire la différence.

À travers le regard croisé de quatre utilisateurs — viticulteurs, maraîchers, pépiniéristes — cet article explore ce moment charnière que traverse la robotique agricole : celui de la maturation. Où l’on ne teste plus pour voir, mais pour durer. Où l’outil devient stratégie.


Cave Spring (Canada) : Ted, un allié stratégique face à la pénurie de main d’oeuvre et aux enjeux environnementaux

Au cœur de la péninsule du Niagara, Gabriel Demarco et Josh Aitken dirigent le domaine Cave Spring Vineyard, une exploitation viticole pionnière fondée dans les années 1970. L’arrivée du robot Ted en 2023 a marqué un tournant concret dans leur organisation. Leur objectif : réduire la pression sur leurs équipes de tracteurs, tout en renforçant leur engagement environnemental. Les résultats ne se sont pas fait attendre.


« Avec un équipement plus léger, nous faisons deux fois moins de passages. Cela limite la compaction des sols », explique Gabriel.
Électrique et autonome, Ted travaille en moyenne 6 à 7 heures par jour sur des opérations de travail du sol, avec ses disques émotteurs et ses étoiles de binage. Sa compatibilité avec des outils standards a permis une intégration rapide, et l’accompagnement technique sur le terrain a rendu sa prise en main intuitive.


« Plus je passe de temps avec Ted, plus je réalise son potentiel. »
Après seulement une saison, l’efficacité est au rendez-vous. L’équipe peut se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée, tandis que Ted joue son rôle d’outil stratégique durable. Pour Gabriel et Josh, revenir en arrière n’est plus envisageable.

Le robot Ted à Cave Spring (Canada)

Darmstädter Forstbaumschulen (Allemagne) : Orio, une réponse moderne à une organisation millimétrée

À la tête d’une pépinière forestière biologique de 30 hectares, Tobias Antoni gère jusqu’à 275 saisonniers. La difficulté croissante à recruter et former des conducteurs de tracteurs l’a poussé à intégrer Orio au printemps 2024. Dès ses premiers jours, le robot a prouvé sa valeur : précision, autonomie et amélioration des conditions de travail.


« Orio est léger, silencieux et d’une précision remarquable », commente Tobias.


À 4,5 km/h, Orio désherbe, prépare les sols, et même s’adapte à des équipements “vintage” des années 1960. Grâce à une application intuitive, Naïo Companion, Tobias programme ses routines et supervise les opérations sans nécessité de compétences techniques poussées.


« Le désherbage est rapide et précis, et surtout, Orio travaille pendant que nous faisons autre chose. »


Avec près de 800 heures de fonctionnement annuel, le retour sur investissement repose sur la réduction des pertes de semis, la diminution des erreurs humaines, et l’allègement des besoins en formation. Pour Tobias, ce robot n’est pas un substitut, mais un levier pour revaloriser le travail humain.

Le robot Orio à Darmstädter Forstbaumschulen (Allemagne)

Le Chant d’Éole (Belgique) : Jo, un partenaire fiable pour viser l’excellence viticole

Nicolas Fratantuono dirige les 55 hectares du Domaine du Chant d’Éole. Face au manque de tractoristes et à des fenêtres météo étroites, il a fait le choix du chenillard compact Jo en juillet 2024. Les résultats sont nets : « Je constate 10-15 % de casse avec un opérateur contre seulement 2 % avec Jo. »


Simple d’utilisation, le robot permet à Nicolas de lancer ses opérations en toute autonomie dès le matin. Utilisant des interceps et griffons de la gamme Boisselet, il trace avec précision et allège l’organisation du travail. Jo couvre une partie des parcelles avec une efficacité redoutable.


« Ma journée type ? Je l’amène le matin, je le lance, et c’est parti. »


Le choix d’un robot 100 % électrique renforce aussi l’image environnementale du domaine, un critère différenciant majeur. Utilisé en location, Jo économise du temps et réduit les pertes de pieds. L'efficacité et la fiabilité de son travail renforcent la pertinence économique de ce choix.

Le robot Jo au Chant d’Éole (Belgique)

Gennes-Ivergny (France) : Oz, un assistant du quotidien pour un maraîcher indépendant


Maxime Dupont cultive 3,8 hectares de légumes diversifiés. Seul sur son exploitation, il a acquis Oz début 2023, convaincu par sa capacité à désherber, tracer, semer — tout en lui libérant du temps précieux.
« Pendant qu’il sème, moi je plante. On gagne du temps et on fait deux fois plus dans la journée. »


Doté d’un GPS RTK pour une précision optimale et conçu pour être polyvalent, Oz tracte un semoir, un soc, une herse et de nombreux outils standards. Il réalise des opérations de semis, de binage ou de désherbage jusqu’à 8 heures par jour, après une simple recharge nocturne. Facile à programmer, il signale toute anomalie ou blocage en temps réel, permettant une intervention rapide et un suivi optimisé des tâches au champ.

« S’il se bloque, il me le dit. Sinon, il fait le boulot. »

Peu exigeant en maintenance et soutenu par un distributeur réactif, Oz s’impose pour Maxime comme un véritable partenaire de travail au quotidien, capable de prendre en charge une large part des tâches sur l’exploitation. Pour lui, ce n’est pas un pari, mais une solution éprouvée pour produire plus, mieux, et avec moins de contraintes.

Le robot Oz à Gennes-Ivergny (France)

Conclusion : une filière qui a déjà fait ses preuves — et qui doit désormais changer d’échelle

De la vigne canadienne aux légumes français, les robots de Naïo Technologies incarnent une dynamique concrète d'efficacité et de durabilité. Ces outils ne remplacent pas les agriculteurs, ils les épaulent, les libèrent, et leur redonnent du levier opérationnel. À l’image d’autres innovations majeures — comme les robots de traite, aujourd’hui largement adoptés dans le secteur laitier — la robotique agricole autonome a dépassé le stade de l’expérimentation pour devenir une solution concrète et éprouvée sur le terrain. Elle est entrée dans sa phase de maturité.

Pour franchir le cap industriel, le secteur doit cependant consolider ses synergies. Concessionnaires, fabricants d’équipements, agriculteurs, intégrateurs, et institutions sont appelés à bâtir ensemble un écosystème toujours plus robuste, accessible et centré sur la valeur d’usage.

Le mouvement est lancé, les succès sont tangibles. Il revient désormais à l’ensemble des acteurs d’en faire la norme, et non l’exception.

Catégories : #Robots